8 questions à se poser quand on désire adopter un animal de compagnie

 

 

Jeanne a le cœur gros. Elle vient de franchir la grille du refuge SPA et regagne sa voiture. Seule. Elle a laissé Timy dans ce refuge. Elle se sent très coupable. Mais elle n’avait pas d’autre solution : son studio trop petit pour un beauceron, trop d’argent chaque mois pour le nourrir, trop peu de temps à lui consacrer et trop peu de savoir-faire pour lui faire comprendre sa place, si bien qu’il devenait agressif envers les autres chiens et qu’il a sévèrement mordu le braque allemand du voisin.

Pourtant cela avait bien commencé entre eux. Elle se souvient encore du jour où elle l’a vu pour la première fois, chez une copine, boule de poils blottie contre le flanc de sa mère.  Il était adorable. Elle avait tout de suite craqué. On verrait bien. Et c’est vrai que les débuts avaient été idylliques. Comme ils s’étaient amusés, tous les deux… et câlinés…

Mais aujourd’hui, Jeanne a le cœur gros et elle comprend qu’elle ne s’est pas posé les bonnes questions, quand il le fallait.

 

1 –  Ai-je la place qu’il faut pour faire vivre un animal dans de bonnes conditions ?

Si j’habite en appartement, ou si j’ai une maison avec un grand jardin, la donne ne sera pas la même. Sans jardin, je peux oublier un épagneul breton ou une tortue terrestre d’Hermann. Certains chats, certains chiens, les rats, les furets, les hamsters, cochons d’Inde et autres gerbilles peuvent vivre en appartement, à condition de ne pas les laisser seuls trop souvent. Une poule ne peut pas se contenter d’un balcon et doit pouvoir gratter la terre et manger de l’herbe verte. Cinq mille mètres carrés ne seront pas suffisants pour nourrir un cheval tout au long de l’année.

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2 – Serai-je disponible pour cet animal ?

Tous les animaux de compagnie ont besoin de notre présence. Peut-être  le serpent python en train de digérer dans son vivarium a-t-il moins envie de tailler une bavette avec nous que notre yorkshire qui nous attend impatiemment derrière la porte. Mais au-delà de la simple présence, certains animaux requièrent qu’on leur consacre du temps : un chien doit sortir plusieurs fois par jour pour ses besoins et sa vie sociale. Vos poules nécessitent d’être nourries chaque jour et il est important de jeter quotidiennement un œil pour voir si tout va bien. Votre cheval seul dans son pré s’ennuie et  attend que vous veniez passer des moments de qualité avec lui.

La présence de votre animal va modifier la routine de votre vie. Pensez-y.

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3 – Ai-je bien compris pour combien de temps je m’engageais ?

Une fois que nous avons notre animal, nous sommes ensemble jusqu’à ce que la vie nous sépare : c’est un engagement moral auquel nous devons nous soumettre (dans la joie), nous humains. Il se trouve que nos animaux dépendent de nous parce que leur domestication les a généralement rendus incapables de se débrouiller seuls ou parce que l’attachement qu’ils ont développé à notre égard amène un trop grand désarroi en cas d’abandon.

La vie d’un rat peut être courte, deux à trois ans. Notre tortue d’Hermann peut nous survivre puisqu’elle a l’espérance de vie d’un être humain.

Il faut d’ailleurs se demander aussi si nous sommes prêts à affronter le chagrin que nous causera la perte de notre animal – L’attachement va dans les deux sens. Comment vais-je expliquer à mon enfant que Câlin le chat n’est plus là ? Comment cela va-t-il se passer lorsqu’il faudra prendre des décisions chez le vétérinaire ?

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4 – Ai-je les moyens de m’en occuper ?

Il est important de penser au budget pour la maintenance d’un animal. Tout le matériel à acheter au départ mais aussi, la nourriture, les vaccins et les frais de vétérinaire. Tout cela a un coût et il ne faut pas  penser s’en sortir au moins cher. La nourriture premier prix pour chat, par exemple, est de très mauvaise qualité et vous dépenserez en frais de vétérinaire ce que vous croirez avoir économisé.

Des assurances sont proposées pour prendre en charge les frais de vétérinaire de certains animaux. Seules les plus onéreuses offrent une bonne couverture. J’ai pour ma part ouvert un livret d’épargne où je verse 30 euros par mois pour pouvoir faire face en cas de coup dur. Et bien, il se trouve que mes animaux ont plus d’économies que moi, ces jours-ci !

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5 – Qui va s’en occuper pendant mes vacances ?

Les vacances sont un terrible moment  puisque c’est à cette époque qu’il y a une recrudescence d’abandons de toutes sortes d’animaux.  En France, onze bêtes par heure sont abandonnées, 100 000 par an. Les refuges de la SPA peinent à accueillir toutes ces victimes de la désinvolture et de l’inconséquence humaines.

Donc, il est essentiel de prévoir ce qui va se passer pendant cette période :  de nombreuses solutions existent, du voisin complaisant à la pension ou la garde à domicile.

Et si rien n’est possible, et bien on ne part pas, c’est tout. On peut très bien vivre sans voyager au loin et apprendre à profiter de ce que notre région offre et qu’on n’a jamais le temps de découvrir.

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6 – Quelles sont mes motivations  ?

Pourquoi est-ce que je désire avoir un animal ? C’est une question à laquelle il est difficile de répondre tant la réponse peut être multiple ou complexe. Mais certaines de ces réponses doivent nous faire réfléchir sur le bien-fondé de ce désir.    Parce que ce chiot est trop mignon ? Dans quelque mois, il pèsera 50 kilos, mettra des poils partout  et aboiera toute la journée de solitude dans l’appartement. Parce que c’est vraiment classe d’avoir un chat de cette race ? Ne vaudrait-il pas mieux acheter une montre de luxe ? Parce que j’aurai des œufs frais tous les jours ? Mais personne ne m’avait dit qu’elles mangeaient autre chose que des restes de table, qu’elles pouvaient être malades et que leurs fientes sentaient aussi mauvais.

Le vivant, c’est de l’organique. Cela grandit et meurt, sécrète des matières que notre culture considère souvent comme dégoûtantes. Il faut aimer, vraiment aimer ces bêtes dont on s’occupe pour ne pas être rebuté par toutes les émanations du corps. Un jour ou l’autre, il y aura des poils, des diarrhées, du vomi. Si vous tenez à ce que votre maison ressemble à une photo d’un magazine Déco, si vous êtes maniaque, oubliez l’idée d’un animal.

Qu’est-ce que j’attends de cet animal ? Certainement une présence. Une affection en retour de celle que je lui donnerai. Mais je ne dois pas attendre de ma tortue qu’elle bondisse d’impatience hors de  son aquarium en entendant mon pas. N’espérez rien de trop précis de votre animal. La rencontre se fera et alors, se produira ce que vous n’aviez pas prévu.

L’animal est une créature sensible, qui capte nos émotions et nous offre un  attachement inconditionnel. À nous de lui proposer une vie compatible avec ses besoins.

Posez-vous sincèrement la question de vos motivations et considérez avec la même sincérité si elles sont compatibles avec le respect dû à un animal.

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7 – Est-ce que mon entourage est d’accord pour que j’accueille cet animal à la maison ?

Il est important que l’animal soit bien accepté par tous et ne rencontre pas d’hostilité. Toute la famille  doit être partie prenante dans ce projet. Que chacun soit d’accord avec le choix d’un chien plutôt qu’un chat… Il faut s’assurer que personne ne soit  atteint d’une allergie à l’animal choisi.

Les voisins n’auront peut-être pas envie d’entendre un chien esseulé gémir toute la journée ni un coq chanter dans un lotissement urbain pas plus qu’un paon appeler son Léon à la saison des amours. Vérifiez auprès d’eux dans quelles dispositions ils se trouvent par rapport à votre projet, si cela doit les toucher.

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8 – Suis-je suffisamment responsable dans ma démarche ?

Non, la tortue d’Hermann ne se nourrit pas de salade, de tomates ni de croquettes pour chat. Non, le chat n’est pas tellement indépendant qu’il puisse rester seul pendant quinze jours…

Avant d’adopter un animal, vous vous serez sérieusement renseigné sur son mode de vie et ses besoins. Les librairies et Internet sont une mine d’informations pour vos recherches. Un animal n’est pas une peluche ni un jouet pour les enfants.

Vous  envisagez sérieusement d’adopter un animal : chiens et chats vous attendent à la SPA. Des refuges pour tortues proposent également leurs pensionnaires à l’adoption ainsi que des asiles pour vieux chevaux et poules de réforme.

Voulez-vous m'adopter ?

Nous venons de voir les points principaux auxquels il faut  réfléchir avant de s’engager dans l’adoption d’un animal. Si nous faisons cet effort de réflexion sérieusement et sincèrement, nous verrons très vite à quel point nous sommes prêts à faire entrer un animal dans notre vie.

 

La poule Kalicotte nous regarde droit dans les yeux.
« Je ne suis pas sûre que Françoise se montre toujours aussi responsable qu’elle voudrait le paraître ! Surtout quand elle met des oeufs à couver sans trop se demander si elle pourra garder tous ces poussins ! »

 

 

 

Et vous, avez-vous l’envie de faire entrer un animal dans votre vie ? Avez-vous commencé à vous poser les bonnes questions ?

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6 thoughts on “8 questions à se poser quand on désire adopter un animal de compagnie

  1. Bonjour Françoise,
    Merci pour ce bel article, plein de bon sens et joliment écrit.
    Pourrais-tu nous aider à mieux choisir notre chien? Personnellement, j’ai des soucis avec le mien car il est très dominateur. On m’a dit qu’il était un mâle alpha. J’aurais bien aimé le savoir dès le début.
    N’ayant aucune expérience préalable avec les chiens, je n’ai pas su l’éduquer correctement et il peut être dangereux avec les personnes étrangères à la famille. Il en a mordu plusieurs… (je précise que c’est un chien de garde, mi-labrador mi-rottweiler).
    J’en suis très triste, car je sais que ce n’est pas de sa faute. Mais je ne vois pas comment sortir de la situation… à part l’offrir à quelqu’un qui sache bien les éduquer.
    Est-ce encore possible à 5 ans d’éduquer un chien?

    Merci de ton aide!

    1. Bonjour Anaïs,

      Tout d’abord, je ne suis ni vétérinaire, ni éducatrice canine, ni comportementaliste canine mais ton commentaire évoque un point important sur un concept très remis en question actuellement , celui de dominance.
      C’est une idée qui a été mise en avant par les éthologues nazis au milieu du XXème siècle et qui fleure bon son idéologie. Beaucoup de comportementalistes canins remettent en cause ce binôme dominant / dominé pour toutes sortes de raisons qui feront l’objet d’un prochain article.
      Ce que l’on appelle un chien « dominant » est en fait un chien mal socialisé. Il n’y a pas, comme on le dit souvent, de relation hiérarchique entre un chien et un être humain. Nous appartenons à deux espèces différentes et nos interactions ne sont pas de ce type. L’inconvénient de cette nouvelle approche est qu’elle n’a pas de recette toute faite et que l’absence de solutions systématiques ne rassure pas, ne conforte pas dans ses idées reçues.
      Il n’empêche que tu as un souci avec ton chien qui vous gâche la vie, à toi et à lui, parce que tu en viens à songer à t’en séparer. Je crois qu’il faut que vous consultiez un comportementaliste canin, qui saura déterminer où achoppe la relation entre ton chien et les humains. Tu dois aussi te poser la question de ton attachement à ce chien, si l’idée de t’en séparer ne va pas provoquer de trop grande culpabilité ou au contraire un soulagement. Penses-tu qu’avec l’aide d’un tiers, tu pourras rétablir une confiance qui a sans doute été mise à mal ?
      L’idéal serait de trouver un comportementaliste qui ne pense pas que tout repose sur un rapport de force entre chien et humain. Mais cette remise en question de la notion de dominance ne convainc pas tout le monde. J’ai envie de comparer cela, toutes proportions gardées, avec la façon dont est reçue l’éducation positive et bienveillante pour les enfants, qui ne fait pas que des adeptes !
      On peut revenir sur des comportements dangereux, même chez un chien adulte. Il faut s’appuyer sur l’expérience de quelqu’un qui aura un regard extérieur sans juger. Il faut aussi que tu aies envie de poursuivre cette relation avec ce chien.

      1. hello

        je me permets d’ajouter une idée à creuser, qui a déjà fait ses preuves : la communication intuitive (souvent dite « animale ») qui permettra certainement d’identifier ce que perçoit le chien. Je pense qu’aujourd’hui les bons comportementalistes s’orientent aussi de plus en plus vers cette pratique qui ouvre vraiment de nouveaux horizons 🙂

        Gaëlle

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