Ma vie avec une psychopathe – le chat, la chasse, le jeu

 

S’il y a bien une chose qui est difficile à vivre, quand on cohabite avec un chat, c’est cette manie qu’il a de ramener de petites proies vivantes, avec lesquelles il va jouer de longues minutes, prolongeant leur agonie d’autant… Il faut vraiment se rappeler, en tant qu’amie des bêtes, que non , les chats ne sont pas des sadiques pervers, qu’ils ne torturent pas les souris pour un plaisir malsain… Pourtant, ça y ressemble !

Ce n’est certainement pas parce qu’elle a faim que Ficelle passe de doudou tout doux à un monstre plein de griffes et de dents. Elle est bien nourrie, assurée de trouver sa pitance quotidienne et suffisante pour ses besoins. D’où vient donc cette énergie si puissante qui la pousse ainsi à débusquer d’innocentes proies ?

Chat en chasse

L’instinct de la chasse est profondément ancré dans la personnalité de chaque chat. Même le plus amorphe peut ressentir la force de cet appel. Il faut dire qu’à l’inné s’ajoute une éducation précoce et attentive.

 

L’apprentissage maternel

C’est maman qui fait l’école à la maison. Elle n’a besoin que de très peu de matériel pour éduquer ses chatons : une souris morte, un petit espace et c’est parti pour toute une séquence pédagogique !

Cela commence vers six semaines et jour après jour, maman complexifie les exercices, finit par amener des proies vivantes qu’elle tue d’abord elle-même avant de laisser à ses rejetons le soin de faire le boulot… Vers huit semaines, beaucoup de chatons sont capables d’attraper et de tuer une proie qu’elle leur apporte par eux-mêmes. Cette activité est très liée au jeu.

Lorsque la mère ramène une proie, elle ne laisse pas ses petits la dévorer tout de go. Elle la laisse aller, la rattrape, joue à ce terrible jeu du chat et de la souris pour les stimuler. Elle inculque ainsi à ses chatons les comportements du félin chasseur. Inculque ou laisse s’exprimer des comportements innés ? Des chatons élevés sans mère ou par une mère sans grand intérêt pour la chasse, retrouveront naturellement ces comportements.

Il est important pour un chaton élevé par sa mère en appartement, sans qu’elle ait la possibilité de sortir, d’avoir des jouets à la ressemblance d’une souris, en plumes, capables de déplacements rapides… afin de  pouvoir recréer le jeu de la chasse.

 

Le jeu

Une technique éprouvée

Pour qui a observé plusieurs chats en action de chasse, la technique est la même, à peu de choses près :

– Le chat repère la proie, très souvent par la vue car il est extrêmement sensible au mouvement. Il se sert également de son ouïe, assez peu de son odorat qui, bien que supérieur à celui des humains, n’a pas la finesse ni la sensibilité de celui du chien.

– Le chat va approcher sa proie au plus près. Il avance lentement, furtivement, de façon à ne pas être repéré.

– Le chat bondit sur sa proie, l’attrape avec ses griffes et l’immobilise.

– Il achève sa victime en lui mordant la nuque pour lui briser la colonne vertébrale.

 

Le guet

Ce qui nous a unis

C’est cet instinct de chasse qui nous a rapprochés, chats et humains. Nous y avons tous deux trouvé notre intérêt, dès le Néolithique :  quelle aubaine, pour un félin, cet afflux de rongeurs dans les greniers de céréales de l’agriculture naissante ! Et comme il tombait bien, ce petit prédateur, pour nous débarrasser de rats et souris qui  détruisaient en un rien de temps tout le fruit de nos labeurs ! Des millénaires avant notre ère, la coopération était fructueuse et porteuse d’avenir.

« Le chat s’est rapproché de l’homme pour des raisons évidentes d’intérêts convergents : il a été attiré dans les villages par l’afflux de rongeurs que les stocks de grains d’orge et de blé ne manquaient pas de provoquer », racontent Eva-Maria Geigl et Thierry Grange, chercheurs spécialistes de paléogénétique à l’Institut Jacques-Monod, qui cosignent aujourd’hui dans Nature Ecology and Evolution la première étude retraçant la trajectoire du chat depuis qu’il a été apprivoisé.

De nos jours encore, on trouve dans des fermes, des chats dont la fonction est purement utilitaire et qui ne franchiront jamais le seuil de la maison, leur rôle étant de limiter le plus possible la présence des “nuisibles” dans les réserves de grain.

 

Le chat et la souris

Instinct de chasseur ou plaisir du jeu

Comme nous l’avons dit plus haut, il n’y a plus de nécessité de chasser afin de se nourrir pour une grande partie des chats qui vivent à nos côtés. Et pourtant, ce comportement n’est pas près de disparaître tant est puissant cet instinct, instinct qui tient souvent  du jeu. Malheureusement pour elle, la proie stimule cette envie de jouer par ses mouvements de fuite.

On voit souvent le chasseur jeter en l’air le petit cadavre comme il le ferait d’un objet inerte. Certains pensent que c’est un moyen d’évacuer le stress accumulé pendant toute l’action de chasse. Cependant, un chat vraiment affamé ne joue pas ainsi mais dévore immédiatement sa proie. Y aurait-il dans le comportement de jeu du chat domestique repu un phénomène d’immaturité semblable à celui du ronronnement qui disparaît normalement chez les chats sauvages adultes ?

Nous ne devrions pas pousser des cris d’orfraie quand Minet ramène à nos pieds un cadavre tout frais. C’est la marque de toute l’importance que nous avons pour lui. Peut-être est-ce une offrande. Peut-être Minet est-il inquiet de nous voir si démunis, si peu aptes à nous procurer par nous-mêmes notre nourriture. Il rejoue alors ce qui s’était produit quand il n’était qu’un chaton et que sa mère lui ramenait des souris mortes pour l’éduquer. Pauvre Minet ! Tous tes efforts pédagogiques se heurtent à notre incompréhension épaisse. Et nous n’arrivons pas à saisir ce que tu cherches à nous enseigner, pour notre bien…

Alors disons : non merci, je n’ai plus faim. Et complimentons-le  pour son sens du partage et son intérêt pour nous et nos insuffisances.

Et si notre grand prédateur vit en appartement sans accès à l’extérieur, fournissons-lui tout ce dont il a besoin pour assouvir son désir de chasser, jouons avec lui pour que toute l’énergie qui ne peut s’exprimer dans son objet premier, la chasse, se libère dans le jeu.

 

Chat

 

 

Alors voilà, je dois bien admettre que Ficelle n’est pas un monstre sanguinaire assoiffé de sang. Sa nature de chat lui souffle ces comportements dérangeants. Et quand au milieu de la nuit, j’entends craquer les os des petits corps fraîchement chassés, je dois me rappeler que je râle souvent parce qu’il y a des crottes de souris partout dans le garage, que les sacs de blé ont été attaqués… Je me retourne dans mon lit, remonte la couette sur mes oreilles et me rendors en rêvant au pays merveilleux où chats, souris et ratons laveurs sont toujours amis.

 

Chats et souris

 

 

Et vous, comment réagissez-vous, quand votre chat vient déposer de petits cadavres sur la paillasson ?

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2 thoughts on “Ma vie avec une psychopathe – le chat, la chasse, le jeu

  1. Personnellement, ma chatte Pistache est bien nourrie mais elle continue à chasser et mange ses proies. Adieu souris, mais aussi adieu geckos chanteurs et enchanteurs… Souvent le matin, on marche sur la tête des victimes, beurk!!! Pistache chasse aussi les cafards (très pratique sous les tropiques) rien que parce qu’ils bougent. Ceux-là au moins, elle ne les mange pas… et je ne les pleure pas!

    1. Assurément, les chats aiment chasser tout ce qui bouge. Les petits oiseaux jamais dévorés et les petits lézards des murailles en font les frais ici aussi.

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